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Comprendre le tabou de la surdité

La surdité, souvent perçue comme une simple diminution de l’audition, cache une réalité complexe et méconnue. Cet article vise à démystifier pourquoi la surdité reste un sujet tabou, en explorant ses aspects médicaux, sociaux, et psychologiques.

La surdité : Un phénomène plus fréquent qu'on ne le pense

La surdité, souvent sous-estimée, touche une part significative de la population mondiale. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 5 % de la population mondiale, soit environ 430 millions de personnes, nécessitent des services de réadaptation en raison d’une déficience auditive incapacitante. Ce chiffre est prévu pour augmenter, atteignant plus de 700 millions de personnes (soit une personne sur dix) d’ici 2050​​.

La surdité chez les personnes âgées

La surdité est souvent associée au vieillissement. En France, la perte auditive inhérente à l’âge, appelée presbyacousie, est la cause principale de surdité. Après 65 ans, environ 65 % des personnes déclarent souffrir de pertes auditives. Cette perte s’aggrave avec l’âge, augmentant d’environ 0,5 dB par an à partir de 65 ans, puis de 1 dB après 75 ans et de 2 dB après 85 ans​​.

La surdité chez les jeunes

Contrairement aux idées reçues, la surdité ne concerne pas uniquement les personnes âgées. Une étude récente menée par l’IFOP a révélé des statistiques alarmantes concernant la perte auditive chez les jeunes en France.

Bien que 89% des 15-17 ans déclarent avoir une bonne audition, 70% d’entre eux ont des difficultés à entendre correctement dans des environnements bruyants comme les salles de classe ou les restaurants.

De plus, 76% doivent faire des efforts pour suivre les conversations téléphoniques, et 80% n’ont pas une audition suffisante dans les espaces publics. Ces chiffres montrent un écart important entre la perception de leur audition et la réalité​​.

Pratiques à risque et conséquences

Une des principales causes de la perte auditive chez les jeunes est l’exposition à des niveaux sonores dangereux. Près de 50 % des jeunes dans le monde s’exposent à des sons à risque pour leur audition, notamment par des pratiques comme l’écoute prolongée de musique à volume élevé via des casques ou des écouteurs​​.

Cette surexposition sonore conduit à un risque accru de dommages auditifs, notamment de pertes auditives précoces, ainsi qu’à d’autres troubles comme les acouphènes.

Prise de conscience et prévention

Face à cette réalité, il devient impératif de sensibiliser les populations à la prévention de la surdité dès le plus jeune âge. Cela inclut la promotion de pratiques saines d’écoute et l’éducation sur les risques liés à l’exposition à des volumes sonores élevés. De plus, des dépistages réguliers sont essentiels pour détecter précocement toute perte auditive, permettant ainsi une intervention rapide et efficace pour limiter les impacts.

Les causes multiples de la surdité

Diversité des causes de la surdité

La surdité peut résulter de multiples facteurs, chacun ayant un impact différent sur l’audition. Ces causes varient selon l’âge, l’environnement, la génétique, et d’autres facteurs de risque.

1. Causes congénitales et génétiques

Dans environ 3 cas sur 100, la surdité est congénitale, signifiant que la personne naît sourde. Ces cas peuvent être dus à des facteurs génétiques, des infections intra-utérines (comme la rubéole ou le cytomégalovirus), ou à des complications lors de la naissance (asphyxie, hyperbilirubinémie, faible poids de naissance). Les gènes héréditaires peuvent également jouer un rôle, conduisant à une surdité congénitale ou se développant plus tard dans la vie​​​​.

2. Causes liées au vieillissement

La presbyacousie, ou la perte auditive liée à l’âge, est la cause majeure de surdité chez les personnes âgées en France. Cette détérioration progressive de l’audition est un phénomène naturel et s’aggrave avec le temps. Après 65 ans, la perte auditive annuelle est d’environ 0,5 dB par an, s’accélérant avec l’âge​​.

3. Traumatismes et expositions sonores

Les traumatismes sonores, causés par une exposition prolongée à des bruits forts (musique, machines industrielles, explosions), peuvent provoquer une perte auditive. Ces dommages peuvent être aigus ou résulter d’une exposition répétée à des niveaux sonores élevés.

Chez les jeunes, l’usage excessif de casques et d’écouteurs à volume élevé est une cause majeure de préoccupation, menant à des pertes auditives précoces et à d’autres troubles comme les acouphènes​​​​.

4. Infections et pathologies

Les infections de l’oreille, telles que les otites, peuvent entraîner une perte auditive, particulièrement chez les jeunes enfants. D’autres maladies infectieuses comme la méningite ou la rougeole peuvent également endommager l’oreille interne. Certains médicaments ototoxiques (toxiques pour l’oreille) sont également connus pour causer des pertes auditives.

5. Autres facteurs

D’autres facteurs tels que des traumatismes physiques (blessures à la tête, perforations du tympan), des maladies chroniques, la consommation de tabac, ou des facteurs environnementaux (exposition à certains produits chimiques) peuvent également entraîner une surdité. Des pathologies héréditaires spécifiques, comme l’otospongiose, affectent également l’oreille moyenne et peuvent causer une perte auditive.

Impacts psychologiques et sociaux de la surdité

A. Conséquences sur la communication

  1. Difficultés de communication : La surdité engendre souvent des difficultés majeures dans la communication quotidienne. Les personnes atteintes peinent à suivre les conversations, surtout dans des environnements bruyants, ce qui peut conduire à un retrait social.
  2. Retard de langage chez les enfants : Chez les jeunes enfants, une perte auditive non détectée peut retarder le développement du langage et des compétences de communication, impactant ainsi leur apprentissage et leur intégration sociale.

B. Répercussions sur la vie professionnelle et éducative

  1. Difficultés dans l’éducation : Dans les pays en développement, les enfants atteints de surdité sont souvent privés de scolarisation adéquate. Même dans les pays développés, ils peuvent nécessiter des ressources éducatives spéciales.
  2. Challenges dans le milieu professionnel : Les adultes malentendants sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés d’emploi. Lorsqu’ils travaillent, ils occupent souvent des postes moins qualifiés, ce qui peut limiter leurs opportunités de carrière et réduire leur revenu.

C. Isolement social et stigmatisation

  1. Isolement social : La surdité peut entraîner un isolement social, car les personnes atteintes se retrouvent souvent exclues des interactions sociales normales, ce qui peut conduire à la solitude.
  2. Stigmatisation : La stigmatisation associée à la surdité et aux appareils auditifs peut dissuader certaines personnes de chercher de l’aide ou d’utiliser des dispositifs auditifs, aggravant ainsi leur isolement.

D. Conséquences psychologiques

  1. Dépression et anxiété : Les défis de communication et l’isolement social peuvent conduire à la dépression et à l’anxiété chez les personnes souffrant de surdité.
  2. Baisse de l’estime de soi : La difficulté à communiquer et l’expérience de l’isolement peuvent affecter négativement l’estime de soi et l’image de soi.

E. Impact sur la cognition et la santé mentale

  1. Déclin cognitif : Une étude clinique ACHIEVE a démontré que les aides auditives peuvent réduire de moitié le déclin cognitif chez les personnes âgées malentendantes présentant un risque de déclin cognitif.
  2. Risque de démence : Une perte auditive non traitée peut augmenter le risque de démence, de dépression et d’autres problèmes de santé mentale​​.

Le tabou et la stigmatisation autour de la surdité

A. Perception sociétale de la surdité

  1. Invisibilité du handicap : Contrairement à d’autres handicaps, la surdité est souvent invisible, ce qui peut conduire à des malentendus et à une sous-estimation de ses impacts.
  2. Stéréotypes et préjugés : La surdité est fréquemment associée à des stéréotypes négatifs, tels que le manque d’intelligence ou l’incompétence, renforçant le tabou et la stigmatisation.

B. Réticence à chercher de l’aide

  1. Crainte de la stigmatisation : De nombreuses personnes atteintes de surdité hésitent à chercher de l’aide ou à utiliser des appareils auditifs par crainte de stigmatisation sociale.
  2. Manque de reconnaissance du problème : Souvent, les individus minimisent leur perte auditive ou refusent d’admettre qu’ils ont un problème, retardant ainsi la recherche d’aide professionnelle.

C. Impact sur l’identité et la qualité de vie

  1. Lutte identitaire : Les personnes atteintes de surdité peuvent lutter pour préserver leur identité et leur estime de soi face aux perceptions négatives de la société.
  2. Qualité de vie diminuée : Le tabou de la surdité peut conduire à une qualité de vie diminuée, en raison de l’isolement social, de la détresse psychologique et de l’accès limité aux opportunités.

D. Difficultés d’accès aux soins et aux ressources

  1. Manque d’information et de sensibilisation : Un manque général d’information et de sensibilisation sur la surdité contribue à la perpétuation du tabou.
  2. Barrières dans le système de santé : Les personnes atteintes de surdité peuvent rencontrer des obstacles dans le système de santé, notamment en termes de communication avec les professionnels de santé et d’accès aux traitements.

E. Le rôle des médias et de l’éducation

  1. Représentation dans les médias : Les médias jouent un rôle crucial dans la façon dont la surdité est perçue. Une représentation inexacte ou stéréotypée peut renforcer le tabou.
  2. Importance de l’éducation : Une éducation inclusive et la sensibilisation sur la surdité dans les écoles peuvent aider à briser le tabou et à promouvoir une meilleure compréhension et acceptation.

Conclusion

La surdité, un enjeu de santé publique souvent méconnu et entouré de tabous, touche une part considérable de la population mondiale.

Cet article a mis en lumière la diversité des causes de la surdité, ses impacts profonds sur la vie individuelle et sociale, et les défis engendrés par la stigmatisation et le manque de compréhension.

Il est essentiel de renforcer la sensibilisation, de briser les tabous et de promouvoir l’accessibilité des soins pour les personnes atteintes de surdité.

En agissant ainsi, nous pouvons avancer vers une société plus inclusive, où la surdité est reconnue et acceptée comme une facette naturelle de la diversité humaine.

Références

  • World Health Organization (WHO) – Surdité et déficience auditive
  • JIB – La surdité au quotidien : les enjeux et les solutions
  • Fondation Pour l’Audition – La santé auditive

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